Vous attendez un enfant et souhaitez être présent auprès de votre bébé et de votre conjointe durant les premiers jours ? Au Maroc, le congé paternité permet aux pères de bénéficier de jours de repos rémunérés après la naissance.
Depuis la réforme de juillet 2022, les fonctionnaires profitent désormais de 15 jours de congé paternité, une avancée majeure vers la coresponsabilité parentale. Dans le secteur privé, la durée reste limitée à 3 jours.

Qu’est-ce que le congé paternité au Maroc ?
Le congé paternité, également appelé congé de naissance, représente une période de repos légale accordée au père salarié lors de la naissance ou de l’adoption d’un enfant. Ce congé permet au père de s’absenter de son travail pour accompagner la mère et s’occuper du nouveau-né durant les premiers jours de vie.
Contrairement à certaines idées reçues, ces jours de congé ne réduisent pas votre solde de congés annuels et n’affectent pas votre ancienneté dans l’entreprise. Le congé paternité constitue un droit distinct qui s’ajoute à vos congés payés habituels.
Que vous travailliez dans le secteur public ou privé, vous avez droit au congé paternité à chaque nouvelle naissance, sans limitation du nombre d’enfants. Ce droit s’applique également en cas d’adoption d’un enfant de moins de 24 mois ou dans le cadre de la kafala (tutelle islamique).

Quelle est la durée du congé paternité en 2025 ?
La durée du congé paternité varie considérablement selon que vous travaillez dans le secteur public ou dans le secteur privé. Cette différence résulte de la réforme législative adoptée en juillet 2022, qui a étendu le congé paternité uniquement pour les fonctionnaires.
Depuis le 25 juillet 2022, les fonctionnaires des administrations centrales marocaines bénéficient d’un congé paternité de 15 jours consécutifs et entièrement rémunérés. Cette avancée majeure place le Maroc parmi les pays leaders de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) en matière de droits de paternité.
Cette réforme, introduite par la Loi n° 30-22 modifiant le statut général de la fonction publique, multiplie par cinq la durée initiale de 3 jours. Le congé débute à compter de la date de naissance de l’enfant et peut être pris de manière continue ou fractionnée selon les besoins du fonctionnaire et les contraintes du service.

Dans le secteur privé, les salariés continuent de bénéficier d’un congé paternité de 3 jours payés par naissance, conformément aux dispositions du Code du travail marocain (article 269). Ces trois jours doivent impérativement être pris dans un délai d’un mois maximum suivant la naissance de l’enfant.
Les trois jours peuvent être pris de façon continue ou fractionnée, selon l’arrangement convenu entre le salarié et son employeur. L’employeur ne peut légalement refuser ce congé, sauf circonstances exceptionnelles justifiées.

| Critère | Secteur public | Secteur privé |
|---|---|---|
| Durée du congé | 15 jours consécutifs | 3 jours |
| Date d’application | Depuis juillet 2022 | Depuis 2003 |
| Rémunération | 100% du salaire | 100% du salaire |
| Délai de prise | À partir de la naissance | Dans le mois suivant la naissance |
| Financement | Administration publique | Employeur + remboursement CNSS |
| Démarches | Simple avis au responsable | Demande auprès de la CNSS |
Qui a droit au congé paternité ?
Tous les pères salariés peuvent bénéficier du congé paternité, quel que soit le type de contrat de travail (CDI ou CDD). Néanmoins, les conditions d’accès varient selon le secteur d’activité.
Pour bénéficier du congé paternité dans le secteur privé, le salarié doit impérativement être déclaré à la CNSS (Caisse Nationale de Sécurité Sociale) par son employeur. Cette condition est essentielle car c’est la CNSS qui gère le système de remboursement des indemnités. Si vous êtes étranger travaillant au Maroc, les mêmes règles s’appliquent.
Dans le secteur public, tout fonctionnaire relevant du statut général de la fonction publique a automatiquement droit au congé paternité de 15 jours. Aucune ancienneté minimale n’est requise, le droit s’ouvre dès la titularisation ou la nomination.
Le congé paternité s’applique également dans les situations suivantes :
- Adoption et kafala : Les pères adoptifs ou ayant pris en charge un enfant via la kafala ont droit au congé si l’enfant a moins de 24 mois. Pour les fonctionnaires, un congé de kafala de 15 jours est accordé, débutant à la date d’exécution de l’ordonnance judiciaire.
- Naissance prématurée ou décès néonatal : Le père conserve intégralement son droit au congé, quelle que soit l’issue de la naissance.
- Naissances multiples : En cas de jumeaux ou triplés, vous ne bénéficiez que d’un seul congé paternité, non multiplié par le nombre d’enfants.

Comment demander le congé paternité ?
Les démarches pour bénéficier du congé de paternité diffèrent considérablement selon votre secteur d’activité. Dans le secteur public, la procédure est simplifiée, tandis que dans le secteur privé, elle nécessite une interaction avec la CNSS.
Pour les fonctionnaires, la procédure est extrêmement simple. Vous devez uniquement aviser votre supérieur hiérarchique dès la naissance de l’enfant, en fournissant :
- Un certificat médical de naissance ou un avis de naissance délivré par l’établissement de santé où l’accouchement a eu lieu
- Ou un extrait d’acte de naissance obtenu auprès des services d’état civil
Aucune demande préalable auprès de la CNSS n’est nécessaire. Le congé est accordé immédiatement et la rémunération est versée directement par votre administration, sans interruption de salaire.
Dans le secteur privé, la demande nécessite plusieurs étapes :
1. Informer votre employeur
Dès la naissance, avisez votre employeur et convenez ensemble des dates de congé souhaitées. L’employeur versera votre salaire normalement pendant ces trois jours, puis se fera rembourser par la CNSS.
2. Constituer votre dossier
Préparez les documents suivants :
- Formulaire n° 318-1-01 : Demande de remboursement de congé de naissance, dûment rempli et signé
- Une copie de votre carte nationale d’identité (pour les étrangers : copie du titre de séjour)
- Un extrait d’acte de naissance officiel du nouveau-né
3. Déposer votre demande
Présentez-vous dans n’importe quelle agence de la CNSS de votre choix avec votre dossier complet.

Rémunération et indemnités : combien allez-vous toucher ?
L’un des avantages majeurs du congé paternité au Maroc est qu’il est entièrement rémunéré, quel que soit votre secteur d’activité. Cependant, les modalités de calcul et de versement diffèrent.
Les fonctionnaires perçoivent 100% de leur traitement habituel pendant les 15 jours de congé paternité. Le salaire est versé normalement par l’administration sans interruption ni délai. Le financement est assuré directement par l’État et non par la CNSS.
Dans le secteur privé, le système fonctionne en deux temps :
1. Avance de l’employeur
Votre employeur vous verse votre salaire intégral pendant les trois jours de congé, comme si vous étiez présent au travail.
2. Remboursement par la CNSS
L’employeur est ensuite remboursé par la CNSS, mais dans la limite d’un plafond :
- Montant maximum de remboursement : 692,30 DH au total pour les trois jours
- Soit environ 230,77 DH par jour
Cas 1 – Salaire de 200 DH/jour : Vous toucherez 600 DH au total (200 DH × 3 jours), et la CNSS remboursera intégralement votre employeur.
Cas 2 – Salaire de 500 DH/jour : Vous toucherez 1 500 DH au total (500 DH × 3 jours), mais la CNSS ne remboursera que 692,30 DH à votre employeur. L’employeur supportera la différence de 807,70 DH.
Pour la grande majorité des salariés dont le salaire se situe en dessous du SMIG et plafonds CNSS, l’indemnisation est totale.
Si la naissance survient pendant que vous êtes en congé annuel, en arrêt maladie ou en accident de travail, votre période de repos totale est automatiquement prolongée de trois jours supplémentaires. Cette disposition évite que vos jours de congé paternité soient « consommés » durant une période où vous ne percevriez déjà pas votre rémunération normale.
Comparaison avec le congé maternité
Pour bien comprendre la place du congé paternité dans le système de protection parentale marocain, il est utile de le comparer au congé maternité. Toutes les salariées bénéficient d’un congé maternité de 14 semaines (98 jours), réparti entre 7 semaines avant et 7 semaines après l’accouchement, entièrement rémunéré à 100% du salaire.
La comparaison révèle un écart considérable : le congé maternité représente 98 jours contre seulement 15 jours pour les pères fonctionnaires (soit 6,5 fois moins) et 3 jours pour le secteur privé (soit 32 fois moins). Au-delà des 14 semaines initiales, les mères peuvent prolonger leur congé de 3 mois non rémunérés, négocier un congé parental pouvant atteindre 12 mois, et bénéficier d’une heure d’allaitement quotidienne jusqu’aux 24 mois de l’enfant.
Cette asymétrie persiste malgré les principes constitutionnels d’égalité et de coresponsabilité parentale, bien que la réforme de 2022 marque une première étape vers une meilleure reconnaissance du rôle paternel.
L’écart persistant entre secteur public (15 jours) et secteur privé (3 jours) fait l’objet de négociations continues entre le gouvernement, les syndicats et la CGEM. Le ministère de la Solidarité mène un plaidoyer actif pour l’extension du congé paternité au secteur privé, s’appuyant sur les arguments d’équité intersectorielle et de coresponsabilité parentale.
Par ailleurs, le 24 décembre 2024, le gouvernement marocain a présenté un avant-projet majeur de réforme du Code de la famille (Moudawana), introduisant notamment le principe de garde partagée où chaque parent participe de manière égale aux décisions concernant l’enfant. Cette reconnaissance formelle que la paternité est un devoir partagé et égal pourrait renforcer l’argumentaire en faveur d’une extension du congé paternité. L’adoption de cette réforme est attendue courant 2026.
À l’échelle internationale, avec ses 15 jours de congé paternité pour les fonctionnaires, le Maroc se positionne comme un leader régional MENA, aux côtés de l’Iran (14 jours), alors que la plupart des pays voisins (Arabie Saoudite, Qatar, Liban, Algérie, Tunisie) n’offrent que 3 jours, et certains (Égypte, Libye, Bahreïn) un seul jour.

L’essentiel à retenir
Le congé paternité représente un droit essentiel pour accompagner votre famille durant les premiers jours de vie de votre enfant. Bien que la durée varie selon votre secteur d’activité, ce temps précieux vous permet de créer des liens avec votre nouveau-né et de soutenir votre conjointe.
Retenez que dans le secteur public, vous bénéficiez de 15 jours en avisent simplement votre responsable avec un certificat de naissance. Dans le secteur privé, les 3 jours nécessitent un dépôt de dossier à la CNSS dans les 6 mois, avec un remboursement plafonné à 692,30 DH. Dans tous les cas, le congé est entièrement rémunéré et s’ajoute à vos congés annuels.
N’oubliez pas que ce droit s’applique également en cas d’adoption ou de kafala pour un enfant de moins de 24 mois. Le dépôt de l’extrait de naissance à la CNSS permet aussi automatiquement le versement des allocations familiales pour votre enfant. Profitez pleinement de ces moments précieux avec votre famille !
Questions fréquentes
Mon employeur peut-il refuser mon congé paternité ?
Non, le congé paternité est un droit légal que l’employeur ne peut pas refuser. Tout refus sans motif exceptionnel justifié constitue une violation du Code du travail et peut faire l’objet d’un recours auprès de l’inspection du travail.
Puis-je fractionner mon congé paternité ?
Oui, dans les deux secteurs, vous pouvez prendre votre congé de manière continue ou fractionnée, selon l’accord avec votre employeur et les besoins du service. Par exemple, vous pourriez prendre 2 jours immédiatement après la naissance et 1 jour quelques semaines plus tard.
Que se passe-t-il en cas de naissances multiples (jumeaux, triplés) ?
En cas de jumeaux, triplés ou naissances multiples, vous ne bénéficiez que d’un seul congé paternité, quelle que soit la durée applicable à votre secteur. Le congé n’est pas multiplié par le nombre d’enfants nés simultanément.
Que faire si j’oublie de déposer ma demande dans les 6 mois (secteur privé) ?
Malheureusement, si vous ne déposez pas votre demande à la CNSS dans le délai de 6 mois suivant la naissance, vous perdez définitivement votre droit au remboursement par forclusion. Ce délai est impératif et aucune exception n’est prévue. Le dépôt de l’extrait de naissance permet toutefois automatiquement le versement des allocations familiales pour le nouveau-né.


